Parler peinture

Parler de la peinture, alors que la peinture permet justement de se libérer de la linéarité des mots.
Peindre est un état d'esprit.
Par la pratique constante du regard et du geste, on modifie nos actions jusqu'à oublier qu'un jour, cela a put entrainer une réflexion, un apprentissage, un travail.
C'est le début d'une liberté.

Comme il est appréciable de se poser. Lâcher cette hyperactivité qu'engendre l'activité. Elle se mélange si intimement avec la vie qu'elle devient possessive, dans le sens où elle possède dans la vision de l'autre. Et l'autre, c'est aussi soi-même.
> possessif,ive
(adjectif)
(adjectif)
Qui marque la possession. Se dit d'une personne qui a des sent
iments d'autorité et de possessionenvers ses proches.
> possession
(nom féminin)
Action de posséder. Ce qu'on possède. Action d'être possédé: possédé du démon. Connais
sance, maîtrise.



Alors aveuglé, l'être fonce dans ce qu'il peut prendre pour une liberté, en réalité un tube de force. Ou un câble d'acier. Il est un peuple où, des messagers parcouraient de très longues distances en courant. S'ils se reposaient parfois, c'était, disent-ils, pour permettre à leur âme de les rattraper. Ne regardaient-ils pas en arrière? C'est doucement que se tissait la trame de Daz, appelé ainsi depuis l'enfance et l'économie du geste d'Azerty.
Il venait de commencer un nouveau roman de sa vie. Il avait retrouvé un travail, un job de plus, et commençait à y songer sérieusement. Fini les horaires libres, les matinées brumeuses d'alcool et d'ailes bleutées devenues grasses. Ecrasés, les occupations, les projets informulés par la rapidité de l'échéance. Un nouveau job ! Mais pourquoi avait-il accepté ce nouveau délire, ce nouvelle position où il ne savait pas encore se positionner, s'ancrer dans cette autre accélération du paysage. Il lui="" revient un texte="" Blaise="" Cendrars="" parlant="" voyage="" et="" nostalgie="" axe="" métaphore="" vision="" voyageur="" regardant="" horizon="" fixe="" autour="" du quel semble tourner le train, cette roue="" cosmique dans="" Daz="" secoua="" tête="" idiot="" de="" en="" ce="" était="" certe="" pas="" la="" première="" fois="" partait="" ainsi="" à="" l'aventure="" pour="" faire="" des="" actes="" il n'avait="" jamais="" fait="" >
Se positionner, s'ancrer dans le mouvement des autres. Spectateur acteur d'une danse aujourd'hui d'ailleurs. Il lui faudra aussi réapprendre à parler, à sourire, à écouter. Ecouter. Jusqu'à ce brouhaha, ces compilations d'intérêts sans intérêt, que le nombre rend sans issue. Le train s'arrête alors. Ou plutôt son arrêt n'en finit pas. Irréductible jusqu'à ce mur cyclopéen où sa masse va se languir horriblement sur elle-même.
La porte se déplia en un soupir aigu. Il s'aperçut de l'air poussiéreux, du calme de cette gare inconnue. Quelques gens. Des portes vitrées scotchées. Un banc vide... C'est toujours étrange, une gare comme les autres.
On l'attendait. Il s'imagina la vue de cette personne, tendue à plat comme une peinture de Peter Klasen, tandis que pour lui, le parking exhalait son goudron perspectif.
L'énorme horloge analogique centrifugeait les neuf heure trente.
La poignée de main fut molle et transpirante. Daz sentit de nouveau cette peur qui ne manquerait pas de lui revenir si son accompagnateur ne s'en débarrassait pas. Qu'avait-il aimé, qu'avait-il détesté, pour s'encombrer de telles aires?
Et quel âge lui donner sous ses quarante ans? Quel était son animal caractériel? Qui était-il?


Fév 2006

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