Cm2

Si quelque chose a une fois germé, si quelque chose fut possible, il a le pouvoir de l'ailleurs.





Je me souviens du cm2, cette obligation éphéméride de noter sur un cahier la température extérieure, la pression barométrique, l'état du ciel. On ne faisait pas à mon école d'avant. Vraiment, je n'y voyais aucun sens. D'une heure à l'autre, d'un lieu à l'autre... J'aimais quand arrivait ma semaine, que m'étaient confiées ces pages où se posaient ces noms d'enfants inconnus et d'autres temps. C'était parfois simple. Ciel bleu, ciel gris, pluie, neige. Cela ne l'était jamais. Cirrus, stratus, cumulus, mes préférés... Dix minutes pour poser ce tour d'horizon, amputé, réduit à quelques lignes, au regard d'une fenêtre.
Ce matin là, un bleu pur, frais, vent faible, soleil loin et direct, à faire chanter les poussières, une étrange brillance, immobile, scintillante, surnaturelle. Je me réveille, j'appelle! Nous allons tous nous coller aux vitres. Aucune hypothèse ne tient la route pour cette chose aveuglante qui s'approche comme en rêve. Nous sortons, excités, comme des fous, et la tempérance du Maitre. Doucement. L'engin se pose sur le vert parfumé du pré. C'est une sonde météorologique, un ballon latex, une structure couverte de films d'aluminium et d'or, un boitier que nous n'ouvrirons pas.