
Mêze, le petit port. Nous étions là à pêcher, en bout de rade, en bout de nulle part. Le petit vent déplaçait ailleurs les quelques torpeurs qu'un soleil, baigné d'autant de bleu, déposait sans y penser. Mon Ami s'activait parfois, écrasant une moule, la mariant adroitement au vif aiguillon d'un hameçon devenu chair. Il cherchait, main aux sourcils, allant de rocher en rocher, la synthèse exacte du fond marin, son accessibilité, sa probabilité poissonnière, la place pour son cul. Nous pouvions reprendre notre silence, distrait parfois de quelque voilier, promeneur, mouette, c'est chouette. Ma gaule partagait le monde. A gauche, à droite, au dessus. Là-bas, en bout de ligne, le bouchon rouge fluo dansait aux vagues scintillantes, attirant mon imaginaire à l'immensité de la surface. Je vis revenir ce vieux couple, bras dessus, bras dessous. Aidé par le partage de cet espace en carte postale bienheureuse, il s'enquit de ma patience: "Alors, ça mord?". Je lui renvoyais son sourire et soulevais précautionneusement la ligne jusqu'à sa vue. Il eut un hoquet d'incrédulité joyeuse devant l'absence de leurre.
1 commentaire:
Pêcher du vent, de l'eau, du ciel et du silence... c'est paix-chez de la vie.
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